Le 25 juin 2018

Participation à l’émission C dans l’air

Pas d’éclats de voix, mais pas véritablement d’avancées et une Europe toujours coupée en deux. Le mini-sommet sur la migration demandé par la chancelière allemande Angela Merkel, et organisé par la Commission européenne, ce dimanche, à Bruxelles, avait un but évident : déminer le terrain du sommet à 28 des 28-29 juin alors que le débat tourne depuis plusieurs jours au bras de fer en Méditerranée. Les populistes et la droite dure européenne – le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini depuis Rome, Horst Seehofer, son homologue à Berlin – en ont fait le thème d’une crise politique majeure, au moment pourtant où les arrivées de migrants ont chuté sous leur niveau de 2014.

Dès son arrivée, le chef de l’Etat l’a d’ailleurs reconnu : la situation aux frontières de l’UE n’a plus rien à voir avec celle de la crise de 2015 car les Etats ont « réussi par un travail conjoint à réduire fortement les flux « . En réalité, l’Union traverse « une crise politique », a martelé le chef de l’Etat, « la lèpre qui monte », « le nationalisme qui renaît « , selon les mots qu’il a employés jeudi dernier à Quimper, saisit la question des migrants pour attaquer le projet européen lui-même.

De fait, le nombre d’arrivées est en forte baisse mais l’Europe s’est de nouveau déchirée cette semaine, autour cette fois d’un navire de l’ONG Lifeline, avec 239 migrants à son bord, à qui l’Italie et Malte ont refusé l’accostage. Et pour nombre d’experts, il est clair désormais que si l’UE ne règle pas cette crise, elle risque l’implosion pure et simple.

Pour contourner l’absence de consensus et éviter un tel scénario, la France et l’Allemagne ont appelé dimanche à des accords à plusieurs pays sur les défis migratoires. Emmanuel Macron s’est également prononcé samedi en faveur de sanctions financières envers les pays de l’Union européenne qui refuseraient d’accueillir des réfugiés. « On ne peut avoir des pays qui bénéficient massivement de la solidarité de l’UE et qui revendiquent massivement leur égoïsme national quand il s’agit de sujets migratoires » a déclaré le chef de l’Etat au cours d’une conférence de presse à Paris avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

Prochain rendez-vous : le sommet des 28 jeudi et vendredi à Bruxelles. Mais entre la brouille franco-italienne, l’opposition du groupe de Visegrad (la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie) qui vient de criminaliser l’aide aux réfugiés et les problèmes internes d’Angela Merkel, un accord paraît très compliqué.