2015

Dans Histoire@Politique
Auteur(s) KAHN Sylvain – Centre d’histoire de Sciences Po (Auteur)
MARTIN Laurent – Intégration et Coopération dans l’Espace Européen (ICEE) (Auteur)
Éditeur : Centre d’histoire de Sciences Po Numéro 26 – p. ISSN 19543670

Depuis plusieurs années, à travers différents dispositifs scientifiques – séminaire, journée d’étude et maintenant dossier de revue – la catégorie de « barbarie » a servi de fil directeur à notre réflexion sur l’histoire européenne. Dans l’histoire de l’idée européenne, le barbare a d’abord été l’autre, l’étranger, celui qui ne maîtrisait ni la langue ni les usages, celui qui était d’autres mœurs et d’autre contrée. Puis, quand l’idéologie du progrès et de la raison devint dominante, le barbare fut, avec le sauvage, celui qui incarnait le passé de la civilisation, l’état d’une humanité restée proche de l’animalité dont le processus civilisateur avait peu à peu éloigné les peuples européens, pour le meilleur mais aussi pour le pire. Il fut aussi l’ennemi de l’intérieur appartenant aux « classes laborieuses et dangereuses » ou bien, au contraire, la promesse de régénération d’une civilisation exténuée, « décadente ». Avec les grandes conflagrations mondiales, les massacres industriels et le suicide de l’Europe, la barbarie put être considérée non comme l’envers mais comme le prolongement de la civilisation, le triomphe de la raison instrumentale, l’achèvement d’un cycle historique. Mais peut-être le barbare n’est-il que celui qui croit à la barbarie, comme l’écrivait Claude Lévi-Strauss dans Race et histoire.

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